05 octobre, 2006

LE 11 SEPTEMBRE ET LES CONSPIRATIONISTES



La tragédie du 11 septembre a déjà 5 ans. Ces derniers temps, on a vu fleurir sur le net et ailleurs, une contestation sans précédent des thèses explicatives officielles sur ce qu'il c'est réellement passé ce jour là. Il est vrai, que de nombreuses questions restent sans réponse ou disons, sans réponse satisfaisante. Ce flou, les versions parfois complètement contradictoires données par le gouvernement américain ont alimenté diverses théories sur l'existence d'un complot. Comme souvent, ces théories sont dans la plupart des cas orientées par des motivations idéologiques, parfois carrément racistes, parfois manipulatoires, parfois loufoques. De ce fait, ces interrogations sont souvent occultées et déconsidérées sans argument au motif qu'elle entrent dans le champ des "théories conspirationistes". Néanmoins, les questions méritent d'être posées et ce qui est le plus bizarre, nombre d'entre elles sur le 11 septembre devraient déjà avoir trouvé une explication et ce n'est pas le cas. Ceci tends à accréditer les thèses les plus invraisemblables et rend encore plus difficile l'établissement d'une vérité cohérente.

Néanmoins, au delà des grands délires, il existe une accumulation de faits qui laissent penser que l'administration américaine actuelle n'est peut être pas tout à fait innocente et aurait pu pêcher au moins par ommission dans cette affaire. Et il n'y a pas que les "conspirationsites obsessionnels" pour le penser.

J'ai sélectionné deux articles (assez long pour le premier mais il mérite d'être lu dans le détail) : tout d'abord un papier paru dans l'honorable quotidien britanique, The Guardian, écrit par l'ancien Ministre de l'Environnement de Tony Blair entre 1987 et 2003, Michael Meacher - ensuite, l'interview d'Andras von Bülow , (l'ancien Secrétaire d'Etat allemand à la Défense et Ministre de la Recherche du Gouvernement d'Helmut Schmidt entre 1970 et 1980, et député pendant 25 ans du Parti Socialiste Allemand (SPD) au Bundestag) paru dans le quotidien berlinois, Der Tagesspiegel. A noter que von Bülow est particulièrement au fait des activités des services de renseignements pour avoir présidé pendant quelques années une commission d'enquête parlementaire sur les services secrets en Allemagne.


The Guardian - 6 Septembre, 2003

Une énorme attention est maintenant portée – fort légitimement d’ailleurs – aux raisons pour lesquelles la Grande-Bretagne est allée faire la guerre en l’Irak. Mais trop peu d’attention fut portée sur celles qui ont menées les États-Unis à la guerre, et cela met également en lumière les motivations britanniques.

L’explication consacrée est qu’après les attaques contre les tours jumelles, la riposte en Afghanistan contre les bases d’Al-Qaida était la première étape normale d’une guerre globale contre le terrorisme. Puis, parce que les gouvernements américain et britannique alléguèrent que Saddam Hussein cachait des armes de destruction massive, la guerre pouvait donc être aussi menée contre l’Irak.

Cependant cette théorie ne concilie pas tous les faits. La vérité pourrait être en fait beaucoup plus sombre. Nous savons aujourd’hui qu’un plan visant la création d’un Pax Americana global fut élaboré pour Dick Cheney (maintenant vice-président), Donald Rumsfeld (secrétaire de la défense), Paul Wolfowitz (l’adjoint de Rumsfeld), Jeb Bush (frère cadet de George Bush) et Lewis Libby (le directeur du personnel de Cheney). Le document intitulé «Reconstruire les défenses américaines» fut écrit en septembre 2000 par le «think tank» néo-conservateur, Project for the New American Century (PNAC).

Le plan révèle que le cabinet de Bush avait l’intention de prendre le contrôle militaire de la région du golfe, que Saddam Hussein fut au pouvoir ou pas. On y lit "tandis que le conflit irrésolu avec l’Irak est en soit une justification, le besoin d’une présence militaire américaine substantielle dans le Golfe transcende la question du régime de Saddam Hussein." Le plan du PNAC rejoint le propos d’un précédent rapport attribué à Wolfowitz et Libby qui avançait que les États-Unis devaient "décourager toute nation industrielle avancée de vouloir mettre à l’épreuve notre leadership ou même de tenter d’élargir leur rôle tant régional que global".

Il se réfère d’ailleurs à des alliances essentielles, telle celle établie avec la Grande-Bretagne, comme étant l’un des "moyens les plus efficaces d’exercer le leadership global américain". On y décrit les missions de maintien de la paix comme le fait d’un "exigeant leadership de la politique américaine plutôt que d’un d'une influence onusienne". Il indique que "même si Saddam devait disparaître de la scène", les bases américaines en Arabie Saoudite et au Koweit seraient maintenues de manière permanente… étant donné que "l’Iran pourrait autant se révéler une menace pour les intérêts américains que ne le fut l’Irak".

Il met en lumière le "changement de régime" chinois, disant "qu’il est temps d’augmenter la présence militaire américaine dans le sud-est asiatique". Le document suggère également la création de "forces militaires spatiales américaines" afin de dominer l’espace, ainsi que le contrôle total du cyberespace afin d’empêcher les "ennemis" d’utiliser l’Internet contre les États-Unis. Il suggère aussi que les États-Unis pourraient sans doute considérer l’idée de développer des armes biologiques "lesquelles viseraient des génotypes spécifiques [et] aiguilleraient ainsi la guerre biologique vers une application politique pratique plutôt que vers une utilisation qui tiendrait de la terreur". Enfin - écrit une année avant le 11 septembre 2001 - il identifie la Corée du Nord, la Syrie et l’Iran comme étant des régimes dangereux, et indique que leur seule existence justifie la création "d’un système de commandement du contrôle mondial".

Il s’agit d’un plan vers une domination américaine planétaire. Mais avant qu’on le qualifie d’agenda fantaisiste de l’aile ultra-conservatrice, ce document, quoi qu’il en soit, permet une bien meilleure compréhension de ce qui s’est joué avant, durant et après le 11 septembre que ce que suggère la thèse de la guerre globale au terrorisme.

Ceci peut être abordé de plusieurs manières. D’abord, il est clair que les autorités américaines ont fait peu ou rien pour empêcher les évènements du 11 septembre. Au moins 11 pays ont averti à l’avance les États-Unis des attaques du 11 septembre. Deux éminents experts du Mossad furent envoyés à Washington en août 2001 afin de signaler à la CIA et au FBI une cellule de 200 terroristes qui préparait alors une grande opération (Daily Telegraph, le 16 septembre 2001). Sur leur liste qui ne mena à aucune arrestation, figuraient les noms de quatre pirates de l’air du 11 septembre.

On savait depuis 1996 qu’il existait des plans pour frapper des cibles de Washington avec des avions. Ainsi en 1999 un rapport du conseil national américain du renseignement notait que "des kamikazes d’Al-Qaida pourraient lancer un avion rempli d’explosifs, soit sur le Pentagone, soit sur le quartier général de la CIA, soit sur la Maison Blanche." Quinze des pirates de l’air du 11 septembre ont obtenu leurs visas en Arabie Saoudite. Michael Springman, l’ancien chef du bureau des visas américains de Jeddah, a déclaré que depuis 1987 la CIA avait illicitement émis des visas pour des demandeurs inaptes du Moyen-Orient afin de les former, en sol américain, à la guerre terroriste pour combattre en Afghanistan en collaboration avec Ben Laden (BBC, le 6 novembre 2001). Il semble qu’après la guerre afghane cette opération se soit poursuivie mais avec de nouvelles instructions.

Il fut également rapporté que cinq des pirates de l’air ont reçu une formation dans des installations militaires américaines à haute sécurité dans les années 90 (Newsweek, le 15 septembre 2001). Des pistes importantes antérieures aux événements du 11 septembre n’ont pas été suivies. L’étudiant en pilotage franco-marocain Zacarias Moussaoui (aujourd’hui le 20e pirate de l’air présumé) fut arrêté en août 2001 après qu’un instructeur ait signalé qu’il avait suspicieusement démontré de l’intérêt pour le pilotage d’avions de ligne. Quand des agents fédéraux ont appris des services du renseignement français qu’il avait des liens avec des islamistes radicaux, ils ont obtenu un mandat puis ont tiré de son ordinateur des informations afférentes à la mission du 11 septembre (Times le 3 novembre 2001). Mais le FBI ne poussa pas plus loin l’enquête. Un mois avant le 11 septembre, un agent a écrit que Moussaoui projetait sans doute de s’écraser en avion dans les tours jumelles (Newsweek, le 20 mai 2002).

En admettant cette idée de guerre au terrorisme, la seule lenteur à réagir en ce 11 septembre relègue cette histoire au rang des plus étonnantes. La suspicion d’un premier appareil détourné fut signalée à 8h20 a.m. au plus tard, le dernier avion détourné s’est écrasé à 10h06 a.m. en Pennsylvanie. Pas un seul chasseur, avant que le troisième appareil ne s’écrase dans le Pentagone à 9h38 a.m., ne fut envoyé pour évaluer la situation depuis la base militaire américaine Andrews à tout juste 10 milles de Washington. Pourquoi? La FAA avait, avant le 11 septembre 2001, un code de procédures pour les cas de détournement d’avion. Entre septembre 2000 et juin 2001 les militaires américains ont dépêché des chasseurs à 67 occasions à la suite de signalements de vols suspects (AP, le 13août 2002). Il est légalement prescrit aux États-Unis, dès qu’un avion s’est sensiblement éloigné de son plan de vol, que des chasseurs soient envoyés afin d’évaluer la situation. Doit-on imputer cette inaction à la simple négligence de personnes haut-placées, à leur ignorances des faits? Ou alors les opérations militaires aériennes américaines auraient-elles été délibérément freinées le 11 septembre? Si oui, pourquoi, et suivant les ordres de qui?

L’ancien procureur fédéral américain au criminel, John Loftus, a indiqué: "l’information fournie par les services de renseignement européen avant le 11 septembre était à ce point exhaustive qu’il n’est aujourd’hui plus possible, tant pour la CIA que le FBI, de plaider l’incompétence." La réponse des Américains après le 11 septembre ne fut, du reste, pas meilleure. Aucune opération sérieuse ne fut tentée pour capturer Ousama Ben Laden. Vers la fin septembre début octobre 2001, les chefs de deux parties islamistes du Pakistan ont négocié l’extradition de Ben Laden vers le Pakistan afin qu’il y soit jugé pour son implication dans les évènements du 11 septembre. Or, un officiel américain a clairement déclaré, que "limiter par trop le champ de nos objectifs" risquerait "de provoquer une déconfiture prématurée de l’effort international si, par exemple, par pure chance, M. Ben Laden devait être capturé". Le Général Richard Myers Chef de l’état-major des armées de la coalition, est allé jusqu’à dire que "le but n’avait jamais été de capturer Ben Laden" (AP, le 5 avril 2002). L’agent du FBI Robert Wright a révélé aux nouvelles du réseau ABC (le 19 décembre 2002) que le quartier général du FBI ne voulait aucune arrestation. Aussi, en novembre 2001, l’armée de l’air américaine s’est plainte qu’elle avait eu les chefs d’Al-Qaida et talibans à portée de tirs au moins 10 fois au cours des six semaines précédentes mais qu’elle n’avait pas été en mesure d’attaquer, faute d’avoir reçu à temps les permissions de le faire (le magazine Time, le 13 mai 2002).

De cet ensemble d’aveux faits par des personnalités provenant strictement du domaine des affaires publiques, aucun d’entre eux, pris séparément, n’est compatible avec l’idée d’une guerre réelle et déterminée au terrorisme. Les éléments de preuve, quoiqu’il en soit, s’enchâssent parfaitement selon le plan du PNAC lorsque analysés en parallèle. Suivant cette logique, il semble que la prétendue "guerre au terrorisme" serve essentiellement de faux prétexte à une stratégie géopolitique américaine plus large.

C’est, du reste, ce que Tony Blair a lui-même laissé entendre quand il a dit au comité de liaison de la Chambre des communes: "En vérité, jamais nous n’aurions pu obtenir l’assentiment du public pour cette campagne lancée soudainement contre l’Afghanistan si ce n’avait été des événements du 11 septembre" (Times, le 17 juillet 2002). De même Rumsfeld était à ce point déterminé à obtenir un rapport justifiant une offensive contre l’Irak qu’il a, à au moins 10 occasions, demandé à la CIA de trouver des preuves reliant l’Irak au 11 septembre; la CIA, d’une fois à l’autre, est revenu bredouille (le magazine Time, le 13 mai 2002). En fait, le 11 septembre a offert un prétexte extrêmement commode pour mettre en branle le plan du PNAC.

Encore, la preuve démontre clairement que des plans d’intervention militaire contre l’Afghanistan et l’Irak furent déposés bien avant le 11 septembre. Une étude faite pour le gouvernement américain par l’Institut Baker de la politique publique indiquait en avril 2001 que "les États-Unis restent prisonniers de leur problème d’approvisionnement énergétique. L’Irak demeure une influence déstabilisante pour… la circulation du pétrole du Moyen-Orient vers les marchés internationaux". Soumis au groupe de travail de l’énergie du vice-président Cheney, l’étude recommandait, que parce que cela était un risque inacceptable pour les États-Unis, "l’intervention militaire" était nécessaire (Sunday Herald, le 6 octobre 2002). Une preuve semblable concernant l’Afghanistan existe. (La BBC a rapporté (le 18 septembre 2001) que Niaz Niak, un ancien ministre des affaires étrangères du Pakistan, aurait, lors d’une réunion à Berlin vers la mi-Juillet 2001, été informé par certains hauts cadres américains "qu’une intervention militaire contre l’Afghanistan serait lancée vers la mi-octobre". Jusqu’en juillet 2001, aux yeux du gouvernement américain, le régime taliban était une source de stabilité en Asie centrale qui permettrait la construction de gazoducs qui achemineraient vers l’Océan Indien, via l’Afghanistan et le Pakistan, les hydrocarbures depuis les gisements de gaz et de pétrole du Turkmenistan, de l’Uzbekistan et du Kazakhstan. Mais, devant le refus des Talibans aux conditions des États-Unis, les représentants américains leur déclarèrent "ou vous acceptez notre offre de tapis d’or, ou nous vous enterrons sous un tapis des bombes" (Inter Press Service, le 15 novembre 2001).

Ainsi, à la lumière de ces faits, il ne faut pas se surprendre si certains ont vu dans le manquement des Américains à contrer les attaques du 11 septembre, un prétexte parfait pour lancer une offensive contre l’Afghanistan afin de mener une guerre clairement planifiée à l’avance. Il est possible qu’il y ait un précédent. Les archives nationales des États-Unis révèlent que le Président Roosevelt a précisément utilisé la même approche avec Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Une information annonçant l’éminence des attaques fut reçue mais ne fut jamais relayée à la flotte américaine. Une indignation à l’échelle nationale acheva de convaincre le public américain, jusqu’alors récalcitrant, de s’engager dans la deuxième guerre mondiale. De même, peut-on lire dans le plan du PNAC de septembre 2000, que le processus de transformation des Etats-Unis en "une future force dominante" pourrait s’avérer long sans un "quelconque évènement catastrophique qui, tel un nouveau Pearl Harbor, servirait de catalyseur".

Les attentats du 11 septembre auront permis aux États-Unis de donner le feu vert à une stratégie qui se conciliait l’agenda du PNAC, chose qui, autrement, aurait été politiquement impossible à appliquer. La raison principale de cet écran de fumée politique est que les réserves des États-Unis et du Royaume-Unis en hydrocarbure commencent à baisser. D’ici 2010 le monde musulman contrôlera pas moins de 60% de la production de pétrole mondiale et, plus important encore, 95% de la capacité globale d’exportation pétrolifère restante. À mesure que la demande augmente, l’approvisionnement diminue, de façon constante depuis les années 60. Ceci, pour les États-Unis et le Royaume-Unis, mène vers une dépendance croissante à l’approvisionnement du pétrole étrangers.

Les Américains qui affichaient en 1990 une production intérieure de 57% de leur demande énergétique totale; selon les prédictions, seront en mesure de ne produire plus que 39% de leurs besoins d’ici 2010. Un ministre du Commerce industriel a admis que le Royaume-Unis pourrait se retrouver en situation d’insuffisance "grave" de gaz d’ici 2005. Le gouvernement britannique a confirmé que 70% de notre électricité viendra du gaz d’ici 2020, et que 90% de celui-ci sera importé. Dans ce contexte, il convient de noter que l’Irak, mis à part son pétrole, détient une réserve de gaz de 110 trillions pieds cubes. Un rapport de la commission sur les intérêts nationaux américains affirmait en juillet 2000 que la nouvelle source d’approvisionnement la plus prometteuse du monde était celle de la région Caspienne, et qu’elle allégerait la dépendance des États-Unis envers l’Arabie Saoudite. Afin de diversifier les routes d’approvisionnement venant de la région Caspienne, un gazoduc passerait à l’ouest par l’Azerbaïdjan et la Géorgie jusqu’au port turc de Ceyhan. Un autre s’étendrait vers l’est par l’Afghanistan et le Pakistan et se terminerait près de la frontière indienne. Ceci sauverait la centrale controversée d’Enron à Dabhol sur la côte occidentale de l’Inde, dans laquelle Enron avait englouti un investissement de $3 milliards et dont la survie économique dépendait de l’accès au gaz bon marché.

Cette bousculade pour les dernières ressources mondiales d’approvisionnement d’hydrocarbure ne laissa pas le Royaume-Unis indifférent non plus, et cela, en partie, explique la participation britannique aux interventions militaires américaines. Lord Browne, directeur exécutif de BP, a averti Washington de ne pas diviser l’Irak au seul bénéfice de ses propres compagnies pétrolières au lendemain de la guerre (The Guardian, le 30 Octobre 2002). Et lorsqu’un ministre des Affaires étrangères britannique rencontra Kadhafi en août 2002 dans la tente de désert de ce dernier, on lui déclara que "à l’heure des disputes de contrats pétroliers lucratifs potentiels [avec la Libye], le Royaume-Unis ne veut pas céder l’avantage aux autres nations européennes" (BBC Online, le 10 août 2002).

On peut, sans s’y tromper, conclure de toute cette analyse que "la guerre globale au terrorisme" porte l’estampille d’un mythe politique propagé aux fins d’un tout autre agenda - le plan des États-Unis vers l’hégémonie mondiale, nécessitant la prise par la force du contrôle des approvisionnements de pétrole, exigeait que le projet soit mené de bout en bout. La connivence dans ce mythe et la participation auxiliaire à ce projet relèvent-elles vraiment de visées qui conviennent à la politique étrangère britannique? Si jamais besoin il y eut de justifier une position britannique plus objective, portés par nos propres buts distincts, le détail complet de cette lourde saga, assurément, apporte toute l’argumentation nécessaire à un changement de cap radical.

Michael Meacher (tradution Gintonik)

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Interview d’Andreas von Bülowréalisée par les journalistes Stephan Lebert et Norbert Thomma pour Der Tagesspiegel - 13 janvier 2002

Der Tagesspiegel : Vous donnez l’impression d’être en colère…

Andreas von Bülow : Ce qui me met en colère, c’est de voir que depuis les odieux attentats du 11septembre, on pousse l’opinion publique dans une direction que je tiens pour néfaste.

DT : Que voulez-vous dire par là ?

AVB : Je m’étonne que beaucoup de questions ne soient pas posées. En temps normal, lorsque quelque chose d’aussi terrible se produit, on présente diverses pistes, on exhibe des preuves, qui sont alors commentées par les enquêteurs, par les médias, par le gouvernement. Que faut-il en penser ? Est-ce plausible ou non ?… Cette fois-ci, rien de tel. (…)
Mais voyez-vous, ce qui est étonnant au fond,c’est que, bien qu’il y ait aux Etats-Unis 26 services secrets totalisant un budget de 30 milliards de dollars, …


DT : C’est plus que le budget allemand de la défense…

AVB : Ce qui est étonnant, disais-je, c’est que ces services secrets aient été incapables de prévenir les attentats. Ils n’ont pas eu le moindre soupçon. Et durant les soixante minutes décisives, les militaires et les service ssecrets ont laissé au sol les avions de la chasse aérienne… Ce qui n’a pas empêché le FBI de présenter, quarante-huit heures plus tard, une liste complète des kamikazes. Mais dix jours plus tard, sept d’entre eux étaient encore en vie.

DT : Quoi ?… Comment ?…

AVB : Eh oui… Pourquoi le chef du FBI n’a-t-il pas commenté ces incohérences ? D’où vient cette liste ? Pourquoi est-elle fausse ? Si j’étais le procureur responsable de l’enquête, je me présenterais devant l’opinion à intervalles réguliers pour dire quelle piste a été abandonnée et quelle autre est encore actuelle.

DT : Après les attentats, le gouvernement américain a souligné qu’on se trouvaitdans une situation exceptionnelle, qu’on était en guerre. Dans ces conditions, n’est-il pas normal de cacher à l’ennemi ce qu’on sait sur lui ?

AVB : Bien sûr. Mais un gouvernement qui veut faire la guerre, doit d’abord engager une procédure pour constater qui est l’agresseur, qui est l’ennemi. Et il est tenu d’apporter les preuves de ce qu’il avance. Comme il l’a lui-même admis, le gouvernement américain ne dispose d’aucune preuve utilisable en justice.

DT : Certaines informations sur les auteurs des attentats sont étayées par des recherches. Ainsi Mohammed Atta, le chef présumé du commando, a pris l’avion le matin du 11 septembre pour se rendre de Portland à Boston, où il est monté dans l’appareil qui s’est écrasé contre le World Trade Center.

AVB : Si Atta était l’homme clé de cette action, il est étrange qu’il ait couru le risque d’arriver à Boston en avion, avec une marge de temps si réduite pour la correspondance. Si le premier avion avait eu quelques minutes de retard, Atta n’aurait pas pu monter à bord de l’appareil qui a été détourné. Pourquoi un terroriste aussi consciencieux aurait-il pris un tel risque ? En consultant le site de CNN, on peut d’ailleurs voir qu’aucun des noms indiqués par le FBI ne figure sur les listes officielles de passagers. Aucundes terroristes présumés ne s’est soumis à la procédure d’enregistrement. Et pourquoi aucun des pilotes menacés n’a-t-il envoyé au sol le signal 7700 prévu en pareil cas ?… En outre, les boîtes noires, construites pour résister au feu et aux chocs, ne contiennent aucune donnée utilisable…

DT : Ce sont des choses qui arrivent…

AVB : Oui, comme il arrive aussi que des auteurs d’attentats préparent leur coup en laissant derrière eux autant de traces qu’un troupeau d’éléphants… Ils paient avec des cartes de crédit établies à leurs noms, ils prennent des cours de pilotage sans même dissimiuler leurs véritables identités. Ils laissent traîner dans les voitures de location des manuels de pilotage pour Jumbo Jet en arabe. Avant de se suicider, ils rédigent des lettres d’adieu et des testaments qui tombent aux mains du FBI parce qu’ils avaient été rangés dans une valise restée au sol ou expédiés à la mauvaise adresse.Vraiment, on se croirait dans un jeu de piste… Il y a aussi cette théorie d’un ingénieur anglais, selon laquelle on a pu, de l’extérieur, diriger les avions sans intervention des pilotes. Les Américains auraient expérimenté cette méthode dès les années 70 pour récupérer les avions détournés en prenant le contrôle de l’ordinateur de bord. Cette technique a pu être utilisée ici de manière abusive. C’est une théorie…

DT : Une théorie abracadabrante dont personne n’a jamais entendu parler…

AVB : Je ne fais pas mienne cette théorie, mais je la trouve digne d’être prise enconsidération… Et les transactions boursières louches, la semaine avant l’attentat, sur les titres d’American Airlines, d’United Airlines et des compagnies d’assurance ? Il y aurait eu des gains de 1200 %, une somme de 15 millards de dollars serait en jeu. Il est probable que quelqu’un était aucourant. Mais qui ?…

DT : A vous de spéculer…

AVB : On a pris prétexte de ces horribles attentats pour soumettre les démocraties occidentales à un lavage de cerveau. L’anticommunisme ne fonctionne pluspour désigner l’ennemi, on s’en prend maintenant aux peuples de confession musulmane. On les accuse d’être à l’origine des attentats-suicides.

DT : Lavage de cerveau ? Vous y allez un peu fort…

AVB : Ah oui, vous trouvez ?… L’idée vient pourtant de Zbigniew Brzezinski et de Samuel Huntington, deux maîtres à penser des services secrets et de la politique extérieure américaine. Dès le milieu des années 90, Huntington était d’avis que les gens en Europe et aux Etats-Unis avaient besoin d’un adversaire qu’ils puissent haïr - de manière à renforcer le sentiment d’identification avec leur propre société. Et Brzezinski, ce cinglé, lorqu’il était conseiller du président Jimmy Carter, plaidait déjà pour la mainmise des USA sur toutes les ressources naturelles du monde, à commencer par le pétrole et le gaz.

DT : Vous voulez dire que les événements du 11 septembre…

AVB : Ils sont tout à fait dans la ligne de ce que veulent les industries d’armement, les services secrets et tout le complexe militaro-industriel avec son soutien académique. Cela crève les yeux. Les immenses réserves naturelles sur le territoire de l’ex-URSS sont à redistribuer; il faut tracer de nouveau oléoducs…

DT : Eric Follath en a longuement parlé dans le magazine Der Spiegel. Il écrit : “Ce qui est en jeu, ce sont les bases militaires, la drogue, les réserves de pétrole et de gaz naturel…”

AVB : Je constate que la planification des attentats, tant au niveau technique qu’au niveau de l’organisation, représente une performance exceptionnelle. En quelques minutes, on a détourné quatre gros porteurs, et en l’espace d’une heure, on leur a fait effectuer des manoeuvres compliquées avant de les diriger vers leurs cibles respectives. C’est impossible à réaliser, à moins de pouvoir s’appuyer de manière permanente sur les structures occultes de l’Etat et de l’industrie.

DT : Vous croyez donc à ces théories de la conspiration…

AVB : Oui, oui, allez-y… C’est là le genre de sarcasme que lancent volontiers ceux qui suivent la ligne officielle. Même les journalistes dont c’est le métier d’enquêter, se nourrissent de propagande et de désinformation. Quiconque a des doutes doit forcément être dérangé… C’est bien ce que vous me reprochez.

DT : Votre carrière nous conduirait plutôt à penser qu’il n’en est rien. Aumilieu des années 70, vous avez été secrétaire d’Etat au ministère de la Défense. En 1993, vous étiez porte-parole du parti social-démocrate dans la commission parlementaire d’enquête sur l’affaire Schalck-Golodkowski…[Schalck-Golodkowski, haut fonctionnaire au ministère du commerce extérieurde la RDA jusqu’en 1989, était agent double de la Stasi est-allemande et du BND ouest-allemand. Après la réunification, il fut accusé de malversations, mais l’affaire fut étouffée grâce à l’intervention de ses amis occidentaux.]

AVB : En fait, c’est là que tout a commencé. Jusqu’à cette époque, je ne savais pas grand-chose du travail des services secrets. J’ai très vite constaté une étrange contradiction : nous essayions de faire la lumière sur les tractations illégales de la Stasi et d’autres services secrets est-européens dans le domaine économique, mais dès que nous posions une question sur le rôle du BND ou de la CIA dans ces affaires, il n’était plus possible d’otenir le moindre renseignement. Plus la moindre volonté de coopération, plus rien. Ça m’a mis la puce à l’oreille…

(...)
DT : Vous ne soutenez donc pas cette ancienne revendication des Verts qui demandaient la suppression de tous les services secrets ?

AVB : Non. Il faut qu’on puisse jeter un coup d’oeil derrière les coulisses. Le renseignement en vue de connaître les intentions d’un ennemi éventuel est légitime. C’est important quand on veut se mettre à la place de l’adversaire pour savoir comment il va se comporter… Mais pour comprendre les méthodes de la CIA, il faut réaliser que sa tâche principale consiste à mener des opérations clandestines. Sans recourir à la guerre, mais en se plaçant en dehors du droit international, elle fait pression sur les états étangers, en organisant par exemple des soulèvements ou des attentats terroristes, en général combinés à du trafic de drogue ou d’armes ou à du blanchiment d’argent. Au fond, c’est relativement simple : on arme des gens prêts à la violence. Mais comme il ne faut en aucun cas que l’opinion sache qu’un service secret tire les ficelles, on s’applique à effacer les traces, ce qui nécessite des efforts considérables. J’ai l’impression que les services secrets impliqués passent 90 % de leur temps à construire de fausses pistes. Et lorsque quelqu’un met en cause les services secrets, on peut parler à son propos de paranoïa ou de phobie de la conspiration. La vérité éclate souvent avec des décennies de retard. Allan Dulles, qui était chef de la CIA, a dit un jour: “S’il le faut, je mens même devant le Congrès…”

DT : Le journaliste américain Seymour Hersh a écrit dans le New Yorker que des membres de la CIA et du gouvernement considéraient que certaines des pistes pouvaient très bien être de fausses pistes destinées à embrouiller les faits. A votre avis, qui pourrait être responsable d’une chose pareille ?

AVB : Je n’en sais rien - comment le saurais-je ?… J’essaie simplement de faire preuve de bon sens et je constate que les terroristes ont été aussi imprudents qu’il est possible de l’être. Et bien que musulmans intégristes, ils sont allés se soûler et s’amuser dans un boîte de strip-tease.

DT : Ça s’est déjà vu…

AVB : Peut-être… En tant qu’individu isolé, je ne peux rien prouver, cela dépasse de loin mes possibilités. Mais j’ai vraiment beaucoup de mal à imaginer qu’un homme, au fond de sa caverne, puisse être à l’origine de ce mauvais coup.

(...)

DT : Vos prises de position actuelles seraient-elles calquées sur l’anti américanisme classique ?

AVB : C’est absurde. Ce que je dis n’a rien d’anti américain. Je suis un grand admirateur de cette société de liberté que sont les USA, je l’ai toujours été. J’ai fait mes études aux Etats-Unis.

DT : Comment vous est venue l’idée d’associer les services secrets américains aux attentats ?

AVB : Vous vous souvenez du premier attentat contre le World Trade Center, en 1993?
Un attentat à la bombe qui a fait six morts et un millier de blessés…
Eh bien, au centre du groupe terroriste, il y avait un ancien officier égyptien; c’est lui qui a bricolé la bombe. Pour perpétrer l’attentat, il a rassemblé autour de lui quelques musulmans: des gens à qui le State Department avait refusé le visa d’entrée, mais que la CIA a fait passer clandestinement aux Etats-Unis. Il se trouve que le chef de la bande était en même temps un indicateur du FBI. Celui-ci, mis au courant, lui a demandé de faire comme si de rien n’était, lui promettant de remplacer, au dernier moment, l’explosif de la bombe par une poudre inoffensive. Le FBI n’a pas tenu sa promesse; c’est en connaissance de cause qu’il a laissé exploser la bombe. La version officielle fut très vite trouvée: les coupables étaient tous des musulmans intégristes.


DT : Vous étiez membre du gouvernement Helmut Schmidt lorsque les soldats soviétiques sont entrés en Afghanistan. Que s’est-il passé à l’époque ?

AVB : Les Américains nous ont poussés à décréter des sanctions économiques; ils ont réclamé le boycott des Jeux Olympiques de Moscou.Le gouvernement fédéral allemand a donné suite à cette demande…
Aujourd’hui, nous savons que la stratégie de Brzezinski, le conseiller du président Carter pour les questions de sécurité, consistait à déstabiliser l’URSS à partir des Etats musulmans limotrophes. Il s’agissait d’attirer les Russes en Afghanistan et de leur faire connaître l’enfer - leur Viêt-Nam en quelque sorte. Avec l’aide majeure des services secrets américains, on a entraîné en Afghanistan et au Pakistan 30.000 combattants musulmans, tous des malfaiteurs et des fanatiques, prêts à tout - et ils le sont encore aujourd’hui. L’un d’eux est Oussama Ben Laden. Il y a déjà plusieurs années, j’écrivais: “C’est cette sale engeance qui a produit les talibans, formés dans les écoles coraniques avec l’argent américain et saoudien, et qui maintenant terrorisent et détruisent le pays.”


DT : Vous dites que les USA en veulent aux ressources naturelles de la région. Mais ce qui a déclenché les attaques américaines, c’est quand même bien l’attentat terroriste qui a coûté la vie à des milliers de personnes…

AVB : C’est tout à fait exact. Il faut toujours avoir à l’esprit l’horreur de cet acte. Néanmoins, quand j’analyse des événements politiques, je suis en droit de me demander à qui ils profitent et qui en subit les conséquences, et quelle est la part du hasard. Dans le doute, il suffit de jeter un coup d’oeil sur la carte: où se trouvent les ressources naturelles, quelles sont les voies d’accès ? Prenez ensuite la carte des guerres civiles et des points chauds. Comparez - elles sont identiques. Même chose pour la troisième carte: celle de la drogue. Quand tout colle, vous pouvez être sûr que les services secrets américains ne sont pas loin. D’ailleurs, le gouvernement Bush est très lié à tout ce qui touche le pétrole, le gaz naturel et l’armement - et ce, via la famille Ben Laden.

DT : Que pensez-vous des vidéos de Ben Laden ?

AVB : Quand on a affaire aux services secrets, on peut s’attendre à une manipulation de grande qualité. Hollywood dispose de la technologie nécessaire. A mon avis, une vidéo ne prouve absolument rien.

DT : Vous croyez que la CIA est vraiment capable de tout…

AVB : Au nom de la raison d’Etat, la CIA n’est tenue par aucune loi lorsqu’elle intervient à l’étranger. Pas de droit international qui compte; un ordre présidentiel suffit. Si le terrorisme existe, c’est notamment parce qu’il existe des services secrets comme la CIA. Et lorsqu’on diminue les crédits, lorsque la paix s’annonce, alors une bombe explose quelque part. Ce qui prouve que rien ne va sans ces services secrets, que tous ceux qui les critiquent sont des crétins, des "nuts" comme les appelait Bush père, qui a été président et directeur de la CIA. Il faut savoir que les USA mettent chaque année 30 milliards de dollars dans leurs services secrets et 13 milliards dans la lutte contre la drogue. Et le résultat ? Le chef d’une unité spéciale de lutte stratégique anti-drogue a déclaré, résigné, au boutde 30 ans de service : “Dans tous les cas importants de trafic dont j’ai eu à m’occuper, la CIA est intervenue avant la fin afin de me retirer le dossier.”

DT : Reprochez-vous au gouvernement allemand la manière dont il a réagi après le11 septembre ?

AVB : Non. Il serait naïf de penser que le gouvernement puisse faire preuve d’indépendance dans ce genre d’affaire.

DT : Qu’allez-vous faire à présent ?

AVB : Rien. Ma tâche se limite à dire : les choses n’ont pas pu se passer de cette facon-là ; à vous de rechercher la vérité…

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J'invite le lecteur à se montrer très prudent face à toutes théories du complot. Une question, une incohérence, une relation entre deux personnes, même un mobile ou un mensonge, etc. ne suffit pas à établir la preuve d'un délit. Même un ancien ministre n'est pas forcemment une source parfaitement crédible. Mais tout ceci soulève encore une fois des pistes qu'il ne faut pas rejeter de façon systématique.

L'histoire témoigne pourtant de nombreuses conspirations dont certaines ont été avérées et largement prouvées : l'incendie du Reichstag, le début de la deuxième guerre mondiale en Pologne, le début de la guerre du Vietnam - d'autres assez probables mais jamais élucidées comme l'assassinat de JFK, ou d'autres absolument prouvées et avouées comme les irlandais de Vincennes, etc... En fait, la liste serait fastidieuse et trop longue à établir. Faut-il rappeler également qu'une conspiration est une mauvaise traduction d'un terme anglais signifiant en droit américain "l'entente préalable entre plusieurs personne en vue de la commission d'un délit ou d'un crime et l'éventuelle réalisation de celui-ci".

Les fausses armes de destruction massives, le lien inexistant entre Saddam Hussein et Al Quaida, etc... sont bel et bien des mensonges d'état coordonnés à un niveau international appuyés par des faux qui ont justifié une décision d'entrée en guerre d'une coallition outrepassant l'ONU et donc le droit international. C'est déjà une conspiration.


Instrumentaliser un terrorisme existant pour servir une politique ou des intérêts particuliers n'est pas un mythe. Dans l'affaire des irlandais de Vincennes, des armes ont été apportées par des hauts grades de la gendarmerie pour faire croire à un grand complot terroriste sur le sol français. Et pourtant, oui, le terrorisme irlandais existait, indépendamment de ce fait.

Bien entendu, dans le cas présent, ces faits ne permettent que de se poser des questions, pas d'affirmer. Et c'est souvent ce qui choque dans les théories du complot – c'est la partie théorique quelque fois loufoque, parfois carrément abjecte et souvent présentée comme un fait établi. Les questions, pourtant souvent très pertinentes, sont toujours occultées dans les grands médias en utilisant les mêmes raisonnements tronqués et les syllogismes utilisés par les conspirationistes – "ces questions ouvrent la porte à l'établissement d'une théorie du complot, les théories du complot sont souvent loufoques, parfois nauséabondes et jamais étayées, donc elles ne méritent pas d'être posées et on ne doit pas tenter d'y trouver une réponse satisfaisante".

Mais, à ne jamais se poser de questions... Probablement, si les faux époux Turenges n'avaient pas été arrêtés, un journaliste qui aurait prétendu que l'affaire du Rainbow Warior était un complot de la DGSE aux ordres d'un ministre d'un gouvernement socialiste avec l'aval d'un président de la république pour détruire un chalutier d'une organisation écolo serait passé pour un fou furieux voire un dangereux conspirationiste.

Les complots existent malheureusement, et ne sont pas fomentés par les illuminatis. Ils peuvent être organisés pour défendre des intérêts financiers dont le nombre de zéros donnent le vertige ou celui, dit "supérieur", de l'Etat. Ils sont parfois débiles (c.f. le Rainbow Warrior), parfois très bien organisés. Ils sont souvent bien plus simples que ce que l'on imagine : quelques coups de fil, laisser faire ce qui pourrait être empêché, quelques individus bien placés pour infléchir une activité ou un groupe peuvent avoir des conséquences terribles. Oui la vérité est parfois ailleurs mais elle est bien plus simple que ce que les conspirationistes imaginent souvent. Que les journalistes n'osent plus enquêter sur ce qui apparaît à priori politiquement incorrect est bien plus alarmant que l'existence de quelques inidividus essayant de faire croire au monde entier que les extra-terrestres nous gouvernent depuis Mars. C'est transformer la prudence journalistique nécessaire en une omerta qui est un des éléments essentiels à l'existence d'une oppression et une sorte de collaboration passive avec celle-ci.

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